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Présidentielle au Malawi: duel de vétérans de la politique en plein marasme économique
information fournie par AFP 16/09/2025 à 18:42

Un électeur vote lors des élections présidentielles et législatives à Lilongwe, le 16 septembre 2025 au Malawi ( AFP / Amos GUMULIRA )

Un électeur vote lors des élections présidentielles et législatives à Lilongwe, le 16 septembre 2025 au Malawi ( AFP / Amos GUMULIRA )

Les Malawiens se sont rendus aux urnes mardi pour élire leurs président et députés, dans un contexte de hausse du coût de la vie et de pénuries susceptible d'entamer les chances de réélection du chef de l'Etat sortant, Lazarus Chakwera.

Ces élections s'accompagnent d'aspirations au changement, avec l'espoir limité que le prochain gouvernement enraye la spirale du manque de devises, des pénuries et de l'inflation qui minent le quotidien d'une population déjà majoritairement pauvre.

De longues files de centaines d'électeurs se sont formées dans la matinée devant les bureaux de vote de ce pays enclavé et majoritairement rural d'Afrique australe. L'affluence avait sensiblement diminué en deuxième partie de journée. En milieu d'après-midi, le taux de participation provisoire était de seulement 51%, selon la commission électorale. En 2020, la participation s'élevait à 64%.

"On est en colère", témoigne Ettah Nyasulu, 28 ans, dans la capitale Lilongwe. Comme de nombreux jeunes des zones urbaines, qui représentent environ 60% des 7,2 millions d'électeurs inscrits, cette serveuse exprime sa frustration à l'égard du premier mandat de Lazarus Chakwera.

"Je veux que le gouvernement change. Je veux que les jeunes aient de bons emplois, qu'on ait la possibilité de changer nos vies", lance-t-elle.

- Sécheresse et cyclone -

Dix-sept candidats sont en lice pour la présidence, mais, selon les analystes, la bataille électorale se jouera de nouveau entre le sortant et pasteur évangélique Lazarus Chakwera, 70 ans, et son prédécesseur, l'ancien professeur de droit Peter Mutharika, 85 ans. Ils s'étaient déjà affrontés en 2014 et en 2020.

Des électeurs votent pour les législatives et la présidentielle, le 16 septembre 2025 à Lilongwe, au Malawi ( AFP / Amos GUMULIRA )

Des électeurs votent pour les législatives et la présidentielle, le 16 septembre 2025 à Lilongwe, au Malawi ( AFP / Amos GUMULIRA )

Le vainqueur devra relever le défi d'une économie moribonde. Quelque 70% des 21 millions d'habitants du pays vivent avec moins de 2,15 dollars par jour selon la Banque mondiale.

L'inflation dépasse 27% en rythme annuel et le secteur agricole, dominé par la production de tabac et principal pourvoyeur de main d'oeuvre, a été durement affecté par deux sécheresses et un cyclone dévastateurs depuis 2023.

En quête d'un deuxième mandat, Lazarus Chakwera avait accédé au pouvoir après l'annulation des résultats des élections de 2019 pour des irrégularités. Lors du nouveau scrutin en 2020, il avait obtenu près de 59% des voix et privé d'un second mandat Mutharika, du Parti démocrate-progressiste.

"Nous disons: donnons-lui une nouvelle chance et nous propulserons le pays à un autre niveau", a déclaré à l'AFP Lindani Kitchini, 47 ans, directeur exécutif dans une société d'importation de pneumatiques, avant de voter à Lilongwe, fief du parti du Congrès du Malawi du président sortant.

- "Désenchantement" -

L'élection "s'est globalement déroulée de façon pacifique et ordonnée dans le pays", a indiqué à l'AFP le commentateur politique Chris Nhlane.

"Mais il y a aussi des signes d'apathie des électeurs, qui résulte en partie d'un désenchantement face à un personnel politique qui ne tient pas ses promesses de campagne", estime-t-il.

MM. Chakwera et Mutharika font tous deux l'objet d'accusations de clientélisme et de corruption mais aucun des autres candidats, y compris la seule femme en lice et ancienne présidente Joyce Banda, n'a semble-t-il réussi à bousculer l'ordre établi.

Lazarus Chakwera a fait campagne sur le thème de la continuité, mettant en avant la construction de routes, d'écoles et d'hôpitaux.

Des électeurs attendent devant un bureau de vote pour voter à la présidentielle et aux législatives, le 16 septembre 2025 à Lilongwe, au Malawi ( AFP / Amos GUMULIRA )

Des électeurs attendent devant un bureau de vote pour voter à la présidentielle et aux législatives, le 16 septembre 2025 à Lilongwe, au Malawi ( AFP / Amos GUMULIRA )

"Il y a eu des plaintes à propos du coût de la vie, du manque de ressources, des pénuries alimentaires", a-t-il reconnu samedi en meeting à Lilongwe. "On va tout redresser", a-t-il promis.

La population doit s'adapter à des pénuries de carburants récurrentes, alimentées par le manque de devises étrangères pour s'acquitter de ces importations, conséquence d'un déficit commercial marqué et d'une dette aussi élevée que coûteuse.

Le président sortant et candidat à la présidentielle du Parti du Congrès du Malawi (MCP), Lazarus Chakwera, lors du dernier rassemblement de campagne du MCP au stade Civo de Lilongwe, le 13 septembre 2025 au Malawi ( AFP / Amos GUMULIRA )

Le président sortant et candidat à la présidentielle du Parti du Congrès du Malawi (MCP), Lazarus Chakwera, lors du dernier rassemblement de campagne du MCP au stade Civo de Lilongwe, le 13 septembre 2025 au Malawi ( AFP / Amos GUMULIRA )

Cinq ans après avoir perdu le pouvoir, une forme de nostalgie des années Mutharika, synonymes d'une "relativement meilleure administration", s'est installée, selon l'analyste Mavuto Bamusi.

"La prime au sortant Chakwera a été largement entamée par des mauvais résultats économiques", souligne-t-il.

Des membres de la Commission électorale transportent du matériel de vote au centre de vote de l'école primaire de Kalambo à Lilongwe, le 15 septembre 2025 au Malawi ( AFP / Amos GUMULIRA )

Des membres de la Commission électorale transportent du matériel de vote au centre de vote de l'école primaire de Kalambo à Lilongwe, le 15 septembre 2025 au Malawi ( AFP / Amos GUMULIRA )

Lors de son dernier meeting à Blantyre, la deuxième ville du pays, Peter Mutharika a déclaré vouloir "sauver ce pays" et son parti a promis le "retour d'un leadership reconnu".

Si aucun des candidats ne recueille plus de 50% des voix, un second tour, probable, est prévu dans les 60 jours. Les résultats du premier sont espérés jeudi.

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